Méthode Bates

Nina Hutchings, enseignante de la Méthode Bates

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La Pratique

Dans la pratique de la méthode, l’utilisation de la mémoire et de l’imagination est une autre dimension importante de la vision. Les mouvements vestibulaires des balancements font également partie des outils non seulement afin d’induire la relaxation visuelle mais aussi pour stimuler les saccades oculaires et la perception de la vision périphérique.

Le processus d’apprentissage de la méthode Bates ne se substitue en aucun cas à un bilan ou à un suivi par un ophtalmologiste.

 

Les trois bonnes habitudes de la vision

1.  Le cillement des paupières

Nous soulignons l’importance du cillement des paupières qui, non seulement sert à lubrifier, nettoyer et protéger la surface extérieure de l’œil, et plus fournit un instant d’obscurité à la rétine comme un mini-repos ou mini-Palming. Le cillement des paupières de l’œil détendu s’effectue en moyenne toutes les 2 à 5 secondes. Le nombre total des cillements des paupières effectués dans une journée fournit environ une heure d’obscurité et donc de repos.

Le réflexe du cillement normal est si rapide et automatique que l’on ne se rend pas compte que l’on cille. Ce réflexe peut être perturbé, provoquant le symptôme des yeux secs. Si on empêche le cillement, les yeux se fatiguent et la vision se brouille. L’une des raisons de ce trouble est le dessèchement de la surface cornéenne par l’évaporation du film lacrymal.

Or, plus la période entre chaque cillement est longue, plus le film lacrymal s’amincit, devient moins uniforme sur la surface oculaire, provoquant alors une réduction de la qualité de l’image. Par exemple, un cillement seulement toutes les 15 secondes, entraîne une modification de la forme du profil du film lacrymal cornéen et une réduction de l’acuité de contraste d’environ 10 % lors des tâches visuelles effectuées sur écran d’ordinateur. (Wong, Wan & Kaye, 2 002).

Dès que l’on effectue une tâche qui nécessite une attention particulière ou une intense concentration, ou que l’on vit une forte émotion négative, ce cillement réflexe diminue. L’ouverture figée des paupières peut provoquer une sensation de brûlure ou de picotement des yeux et une vision trouble.

« En vision normale, l’œil cligne très fréquemment, c’est-à-dire que les paupières se ferment et s’ouvrent si rapidement que ni le sujet ni les observateurs ne s’en aperçoivent… Il est intéressant de constater le fait que le cillement, qui est si important pour une bonne vision, a été passé sous silence par tous les auteurs… Le cillement est un repos, il prévient la fatigue… » (Better Eyesight Magazine, novembre 1923).

Le port des lunettes tend à diminuer le cillement réflexe puisqu’elles font barrière à la poussière et au vent, les stimuli naturels de ce réflexe.

2.  Le déplacement constant du regard – saccades oculaires

Bates souligne l’importance d’un mouvement oculaire souple avec des saccades fines et régulières.
« Il est impossible à l’œil de fixer un point pendant plus d’une fraction de seconde. Si l’œil s’y essaie, il commence à se fatiguer et la vision diminue. Cela peut aisément être démontré en essayant de maintenir le regard sur une partie d’une lettre pendant une durée de temps appréciable. Quelle que soit la qualité de la vision, elle va commencer à se troubler ou même disparaître, très rapidement et parfois l’effort pour la maintenir produira une douleur ». (Bates, CISTWG, P. 159)

« Une vision parfaite est impossible sans déplacement continu, et ce déplacement est une illustration frappante du contrôle mental nécessaire à une vision normale… L’œil avec une vision imparfaite essaie de faire l’impossible en regardant fixement un point pendant une période de temps significative ; c’est-à-dire en fixant… dans un effort de mieux le voir… En conséquence, l’une des meilleures méthodes d’amélioration de la vision consiste à imiter le déplacement inconscient de la vision normale et de réaliser le mouvement apparent produit par ce déplacement… L’œil avec une vision normale n’essaie jamais de fixer un point pendant plus d’une fraction de seconde et lorsqu’il se déplace… il voit toujours plus mal le point précédent de fixation ». (Bates, CISTWG, P. 162)

Les yeux se déplacent par saccades en réponse à un intérêt ou stimulus extérieur ou pour s’orienter. Les yeux fatigués n’ont pas la même finesse de saccades que les yeux détendus. Ce processus de saccades si naturel et qui semble tellement automatique exige une présence du mental. Quand le mental est préoccupé, le regard est absent et le mouvement oculaire diminue. Si ceci devient une habitude, ces saccades deviennent laborieuses et l’ajustement est moins précis. Le Dr Bates observa que lorsque la vision baisse, les saccades oculaires sont moins fines, fluides et précises et donc la perception du défilement et du flux optique est plus difficile, voire non-existante.

« La saccade est donc le changement de direction du regard quand l’œil tourne. Elle est rapide (20 à 150 millisecondes) et atteint des vitesses angulaires de 800 degrés par seconde. C’est le mouvement le plus rapide que nous puissions produire. Chaque saccade est composée d’une rotation, suivie parfois d’un léger glissement pour ajuster l’axe de regard sur la cible, parfois d’autres petites saccades dites « de correction » si le regard n’a pas atteint son objectif » (Berthoz,p. 212)
La souplesse de ces mouvements est stimulée par des activités de balayage visuel détendu du paysage.

3.  La respiration

La respiration est évidemment fondamentale pour le cerveau, les yeux, les cellules… Cependant, on peut remarquer, si l’on y prête l’attention, qu’à certains moments dans la journée on se trouve en apnée, avec une respiration superficielle. Or les yeux ont besoin d’oxygène tout comme nos autres organes : ils sont en souffrance dans ces moments-là.

Références

  • Bates, W.H. Dr., M.D., Better Eyesight Magazine, novembre 1923, Vol VIII, N° 5
  • Berthoz, Alain, Le Sens du Mouvement, Éditions Odile Jacob, 1 997
  • Costello, M., The effect of stress and relaxation on autonomic function as measured by the resting state of accommodation, University Park, PA, Penn. State. Univ., 1 974
  • Liebowitz, N W, Visual perception and stress. In physical work and effort : proceedings of the international symposium ED. G. Borg. Wenner-Gren Center, NY : Pergamon, 1 977
  • Malmstrom, RV & RJ Randle, Effects of visual imagery on the accommodation process. Percept. Psychophys., 19-5 :450-453, 1 976
  • Wong, K.K.W., W.Y. Wan & S.B.KayeBlinking and operating : cognition Versus vision, British Journal of Ophthalmology, 2 002 April, 86 (4) : 479