quiLes principes de la Méthode Bates

La Méthode Bates est basée sur quatre piliers fondamentaux que le Dr Bates avait soulignés comme importants à considérer pour améliorer la qualité de la vision. Il ne les a pas inventés : ce sont des principes en lien avec l’anatomie et la physiologie de l’œil qu’il considérait comme essentiels pour une bonne vision.

Il s’agit de :
1. La détente des yeux et du mental,
2. Le discernement entre la vision centrale et la vision périphérique,
3. La mobilité du regard, l’illusion du mouvement du monde qui nous entoure – le flux optique,
4. La mémoire et l’imagination

Il ajouta trois bonnes habitudes à intégrer : le cillement, la respiration et le déplacement constant du regard.

1. La détente

La vraie détente de l’organisme est possible lorsque le mental et le système nerveux sont au repos. La démarche de la Méthode Bates est qu’avant de stimuler la mobilité et les muscles, il faut partir d’une base de détente. Un muscle ne peut fonctionner de façon optimale s’il est tendu. L’alternance est fondamentale à la vie : nous le constatons avec notre respiration car nous inspirons et expirons, notre marche car nous posons un pied puis l’autre pour avancer. Notre système nerveux autonome alterne constamment du sympathique au parasympathique tout au long de la journée. Nous vivons le jour et la nuit, nous ingérons puis nous éliminons… Les yeux aussi ont besoin d’alternance pour leur bien-être : la lumière et l’obscurité, le changement de distance de loin au près et inversement. Les yeux faisant partie du corps, ils sont influencés par le système nerveux autonome et donc par ses alternances ou ses blocages. La fonction visuelle se modifie ainsi selon notre état nerveux, d’où l’importance d’avoir conscience de nos états intérieurs afin de pouvoir alterner entre tension et détente.

La méthode Bates propose plusieurs manières de détente. En plus du Palming (décrit ici ), les balancements (stimulations vestibulaires) peuvent procurer une grande détente. Même la mobilité est ressentie comme détente lorsque l’on sort le regard d’une condition de fixité. Dès qu’il y a détente, les yeux retrouvent leur souplesse de mobilité et le regard pétille.

2. La vision centrale et la vision périphérique

Du fait de l’anatomie propre de l’œil, le point regardé est toujours mieux vu que le reste du champ visuel. Ce point correspond morphologiquement à la fovéa centrale, laquelle se trouve au centre de la macula, seule partie de la rétine qui permet de voir net. Cette précision du regard, la fixation centrale, oblige l’œil de se déplacer de point en point autour de l’objet d’intérêt pour bien le voir. Lorsque la vision est bonne, Il y a un jeu constant entre la fixation centrale et la vision périphérique. La conscience de la vision périphérique est essentielle pour comprendre que l’on voit le point d’intérêt regardé plus nettement que le reste du champ visuel. Lorsque la vision baisse, la vision périphérique se rétrécit par l’effort de voir, (symptôme physiologique dans l’état de stress avec l’immobilité du regard) et par voie de conséquence il y a perte de la fixation centrale par l’effort d’essayer de voir TOUT net. Plus les microdéplacements d’un point net à un autre point net sont fluides et précis, plus le regard est mobile et par conséquent détendu.

3. Le mouvement dont la perception du mouvement propre

La conséquence de cette relation entre la fixation centrale et la vision périphérique est la perception du mouvement propre, nommée également le mouvement apparent. Le docteur Bates souligne l’importance de cette perception du défilement du monde environnant dans le sens contraire à son déplacement, dès que le regard est en mouvement. C’est vrai que ce soit pour percevoir un paysage qui défile comme pour la pratique de la lecture. Les saccades fines lors du déplacement du regard permettent de percevoir l’illusion de la pulsation de la lettre regardée, comme si la lettre, le mot ou l’objet regardé balançait ou sautillait dans la direction opposée à celle du regard.

Cette perception est la conséquence d’un regard détendu, qui ouvre l’amplitude du champ visuel. Le Dr Bates considérait que cette illusion en périphérie du défilement du monde en sens contraire au regard contribuait à une bonne vision.

« Parmi les grandes fonctions de la vision qui ont été oubliées, nous allons décrire celle qui, avant l’apparition de la fovéa, fut l’une des plus fondamentales : la perception du mouvement propre. Il est remarquable que cette fonction de la vision ait été complètement ignorée pendant près de cinquante ans malgré les travaux pionniers des personnalités scientifiques comme le physicien Mach. Cette partie du système visuel qui concerne la détection du mouvement propre a d’ailleurs été nommée « système accessoire » par les anatomistes, et il a fallu attendre 1 975 pour que l’on en découvre les propriétés. » (Berthoz, P. 59-60)

« Lorsqu’un sujet se déplace dans le monde réel, l’image de son environnement se déplace sur sa rétine et se déforme d’une façon très complexe. C’est cette déformation de l’image sur la rétine pendant un déplacement qu’on appelle « flux optique ». Dans le cas de translations avec une vision latérale, comme lorsque nous regardons par la fenêtre d’un train, le flux optique a une complexité subtile puisque, le long de la voie, le monde visuel se déplace en sens contraire du mouvement du train, alors que le paysage lointain semble se déplacer dans le même sens que lui. » (Berthoz, P. 68)

L’objectif le plus important de la méthode est de retrouver un regard détendu, donc la capacité de voir sans aucun effort et par conséquent de rendre les yeux plus mobiles. C’est la fixité du regard qui est néfaste pour la vision.

4. Mémoire et Imagination

La mémoire participe de notre vision. Lorsque ce que nous voyons est familier, il est plus facile à voir. L’utilisation de la mémoire dans l’éducation visuelle est mise en pratique lorsque nous vivons un « flash » de clarté/netteté fugitif. C’est à ce moment que nous fermons les yeux pour nous souvenir de l’expérience qui était bien réelle, mais si fugace qu’il est facile de l’oublier ou la dénigrer. La mémoire de l’expérience l’imprime dans le cerveau.

Lorsque nous voyons une image, un objet, un mot ou une lettre nettement, que ce soit de loin ou de près, fermer les yeux pour l’imprimer en mémoire aide à voir ce même objet à une distance plus difficile. Cette pratique améliore, avec l’intégration des bons principes, la capacité d’identification. La mémoire d’un noir profond, facile à se rappeler, peut améliorer la perception du noir d’une lettre. Il en est de même avec le souvenir d’un blanc éclatant qui peut améliorer le contraste avec le noir sur une page de texte.

L’imagination est également une grande aide à la vision, surtout pour la détente. S’imaginer dans un endroit où nous nous sentons bien, paisible, a un effet sur toute la physiologie et ainsi détend les yeux.