Dr William Horatio BATES

Le pionnier de l’amélioration de l’état des yeux et de la vision par le moyen naturel de l’éducation.

Ophtalmologue américain au début du XXe siècle, le Dr W.H. Bates (1860-1931) écoutait les récits d’expériences visuelles de ses patients avec une curiosité et une attention qui l’ont amené à s’interroger au sujet de la théorie de la fonction visuelle et de l’optique en vigueur à son époque. Il engagea des recherches sur plusieurs niveaux de la vision et en conclut qu’il était possible d’améliorer la fonction visuelle en changeant ses habitudes, afin de mieux se servir de ses yeux dans la vie quotidienne.

Par ses observations et ses recherches, il constata d’autre part que l’état du système nerveux, du cerveau et du mental impactait la qualité de la vision et du regard.

Diplômé du « College of Physicians and Surgeons » de l’Université de Cornell, Etats-Unis, exerça à New York à partir de 1 885.

La méthode d’amélioration de l’état des yeux afin de prévenir la fatigue oculaire et les troubles visuels portant son nom est basée sur ses observations cliniques et sur les expériences menées au cours de sa pratique. Assistant clinique à l’Hôpital des Yeux et des Oreilles à Manhattan, il travailla également à l’Hôpital de Bellevision.

À cette époque et jusqu’en 1891, il enseignait l’ophtalmologie à l’Hôpital universitaire et à l’École de Médecine à New York. Il était également médecin à l’Infirmerie des Yeux à New York et aux Dispensaires Northern, Northeastern et Northwestern ainsi qu’à l’Hôpital de Harlem.

Il consacra toute sa vie à la recherche sur la fonction visuelle, sur la théorie de l’accommodation et les modifications physiologiques liées aux états de stress et aux émotions négatives. L’écoute de ses patients lui permit de remarquer que la vision de nombre d’entre eux était extrêmement variable dans le temps et d’en conclure que notre vision était influencée par la manière dont nous nous servons de nos yeux.

Pendant plus de 30 ans, il utilisa le skiascope pour étudier la réfraction de l’œil chez des milliers de bébés, d’enfants, d’adultes ainsi que chez les animaux (chats, chiens, chevaux, oiseaux, reptiles et poissons). Il étudia la réfraction des yeux chez les personnes au repos, en mouvement, pendant la journée et la nuit, lorsqu’elles étaient détendues et quand elles étaient actives, ou encore lors de diverses tâches agréables et désagréables. Il étudia et compara la réfraction chez les sujets ayant une bonne vision et chez d’autres ayant une moins bonne vision afin de comprendre les différences de fonctionnement.

Il constata que le sujet ayant une bonne vision subit des erreurs de réfraction tout au long de la journée selon son activité, son intention et son attention. La vision n’est pas statique mais elle se modifie constamment selon l’état physique et émotionnel de la personne. La fluctuation de la vision est à la base de sa « méthode ».

Dans ses recherches, le Dr Bates a prouvé de manière expérimentale que la fixation normale de l’œil est centrale mais jamais statique, et la technique qu’il a développée pour améliorer une vision imparfaite sans l’utilisation de lunettes repose sur ce principe. Elle consiste à développer une fixation centrale en apprenant au patient à poser son regard d’une manière précise tout en maintenant un état de détente, avec la pleine conscience de la vision périphérique. Au cours de ses expériences, il a développé une méthode de photographie de l’œil pour révéler les changements de la courbure de surface quand l’œil travaille. Ces travaux sont discutés (débattus ?) dans « Une étude des images réfléchies par la cornée, l’iris, la pupille et la sclérotique » (“A Study of Images Reflected from the Cornea, Iris, Lens and Sclera” – N.Y. Med. Jour., May 18, 1 918). Ses recherches concernant l’influence de la mémoire sur la fonction de la vision sont décrites dans « La mémoire comme aide à la vision » (“Memory as an Aid to Vision” – N.Y. Med.Jour., May 24, 1 919).

Il a ainsi élaboré un apprentissage constitué de techniques spécifiques permettant, entre autres, de stimuler le mouvement saccadé naturel des yeux afin d’affiner les saccades dans les mouvements dits de « poursuites ». Il s’agit d’apprendre à détendre les yeux fatigués et l’esprit préoccupé, à élargir le champ visuel avec une prise de conscience de la vision périphérique et de la différence entre le point regardé (vision centrale) et tout ce qui l’entoure (vision périphérique), à stimuler le mouvement de contraction et de dilatation des pupilles pour permettre une meilleure adaptation à tous les degrés de luminosité. On parvient ainsi à remarquer le flux optique dans le mouvement du regard. La prise de conscience de ces phénomènes visuels pourrait aider à dynamiser le regard et par voie de conséquence d’améliorer la vision.

En 1894, alors qu’il cherchait à déterminer l’effet thérapeutique des principes actifs des glandes endocrines sur les yeux, il découvrit les propriétés astringentes et homéostatiques de l’extrait aqueux de la capsule surrénale, plus tard commercialisé sous le nom d’adrénaline. En 1896, il annonçait cette découverte dans un article lu devant l’Académie de médecine de New York.

Il a également inventé en 1884 la kératotomie astigmatique, une intervention chirurgicale dont l’objectif était de corriger l’astigmatisme (Bates, « A suggestion of an opération »). Il n’a cependant pas poursuivi cette pratique chirurgicale, poursuivant ses recherches entre 1886 et 1902 au Laboratoire de Pathologie du Dr Pruden au College of Physicians and Surgeons à l’Université de Columbia.

De 1903 au 1910, Il réussit à faire appliquer sa méthode de prévention de la myopie chez les enfants dans les écoles de Grand Forks, North Dakota.  En 1911 il commença à introduire sa méthode dans certaines écoles dans la ville de New York.

Entre 1911 et 1914, le Dr Bates continua son travail expérimental au Laboratoire de Physiologie au College of Physicians and Surgeons à New York où il apprenait à ses patients comment voir au lieu de leur prescrire des lunettes. Son assistante, Emily C. Lierman, anciennement myope, avec qui il travaillait, avait elle-même bénéficié de sa méthode.

De 1914 à 1929, le Dr Bates et Emily Lierman ont créé une Clinique de Jour ouverte 3 jours par semaine à l’Hôpital de Harlem. Cette clinique était gratuite et ouverte au grand public et recevait environ 50 patients par jour.

En 1920 il publia son ouvrage de référence « The Cure of Imperfect Sight by Treatment without Glasses » et publia jusqu’à 1930 une révision mensuelle “Better Eyesight”.

À 62 ans, il travaillait sept jours sur sept à raison de 10 heures par jour afin de permettre aux plus grands nombres de mieux voir sans lunettes.

Il est décédé en 1931 à l’âge de soixante-dix ans.

Le Docteur Bates proposait un processus éducatif pour prévenir et améliorer l’état des yeux et donc la vision afin que chaque personne puisse améliorer ses habitudes visuelles en toute autonomie.